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Les conseils d’un ostéopathe pédiatrique sur la plagiocéphalie et le syndrome de Kiss

Les conseils d’un ostéopathe pédiatrique sur la plagiocéphalie et le syndrome de Kiss

Les conseils d’un ostéopathe pédiatrique sur la plagiocéphalie et le syndrome de Kiss

Alexandre Hours, ostéopathe pédiatrique basé à Lyon (spécialisé exclusivement dans la pédiatrie) est invité sur notre blog pour expliquer la plagiocéphalie et le syndrome de KISS, ainsi que les approches rééducatives afin d’y remédier. Il nous explique comment vous orienter si votre enfant est concerné.

Comprendre la plagiocéphalie et le syndrome de KISS

La plagiocéphalie et le syndrome de KISS sont deux items qui préoccupent de nombreux parents et qui sont très fournis dans les discussions que l’on trouve sur les réseaux sociaux et le web. Nous abordons ici ces problématiques, leurs causes, leurs impacts et les solutions concrètes pour y faire face de façon cohérente, lucide et efficace.

Le syndrome de KISS : mythe ou réalité ?

Le syndrome de KISS est né d’une théorie développée dans les années 90 par un médecin Allemand. Cette théorie, aujourd’hui très controversée par le monde pédiatrique, recoupe l’ensemble des signes dysfonctionnels du bébé dans ses premiers mois de vie. Les symptômes sont bénins et ne nécessitent souvent qu’un accompagnement ponctuel.

Pour les adeptes du syndrome de Kiss, la problématique réside en un défaut de mobilité du rachis cervical supérieur qui entraine des problèmes digestifs, des troubles du sommeil, des pleurs et un comportement agité.

Il est crucial de ne pas se laisser effrayer par le terme « syndrôme », qui est souvent associé à des maladies graves. Le syndrome de KISS n’est pas une maladie connue et décrite dans la sémiologie médicale. Il regroupe l’ensemble des signes dysfonctionnels et des problématiques d’un bébé

Les caractéristiques décrites pour le bébé « syndrome de Kiss » sont assez superposables au bébé présentant une posture asymétrique et tendu : le bébé se cabre, ne tourne pas sa tête de façon identique à droite et à gauche, présente une position en virgule, et présente des difficultés pour s’alimenter, respirer librement par le nez, et digérer.

Consulter un ostéopathe pédiatrique, formé spécifiquement pour traiter ces problèmes, est utile. Les parents doivent garder à l’esprit que tous ces symptômes peuvent être gérés sans panique excessive, même si l’épuisement parental lié au manque de sommeil et à l’inquiétude d’un bébé qui dort trop peu et pleure beaucoup sont à prendre en compte.

La Plagiocéphalie : une déformation courante

La plagiocéphalie, ou déformation asymétrique du crâne, est un motif de consultation fréquent et mieux défini que le syndrôme de kiss. On distingue principalement deux types de déformations :

  • Brachycéphalie : Tête très ronde, souvent héréditaire, avec une légère déformation centrée sur la voute crânienne postérieure, généralement bénigne.
  • Plagiocéphalie : le crane est aplati d’un côté, en forme de parallélogramme, pouvant entraîner des asymétries plus marquées au niveau des oreilles et du visage…

La plagiocéphalie doit être quantifiée à l’aide de mesures de la voute crânienne (en vue supérieure) afin de pouvoir être qualifiée et prise en charge de façon objective. On parle d’un indice d’asymétrie (CVAI) qui sera placé sur une échelle organisée en 5 sous-parties, de la forme la plus bénigne considérée comme une déformation normale (-3,5%), aux formes les plus sévères (+11%).

L’évaluation de la brachycéphalie se fait par le rapport de la largeur du crâne et de la longueur, on parle d’IC (Index Crânien). La brachycéphalie est beaucoup moins préoccupante que la plagiocéphalie, car elle est souvent héritée d’une forme familiale.

La prise en charge de la Plagiocéphalie

Il faut bien comprendre que les déformations crâniennes sont liées au manque de tonicité du bébé et à la plasticité des os du crâne dans les premiers mois de vie. On peut dire que ce sont des problèmes issus du manque de mobilité de l’enfant qui se conforme à son environnement et donc essentiellement à sa position de couchage. La posture (c’est-à-dire la position spontanée du bébé) va donc conditionner la forme du crâne. Cette posture est liée aux positions fixées du bébé dans le ventre de sa maman ou aux mauvaises orientations et aux compressions qu’il aura prises au cours de la naissance. Il est crucial de stimuler le bébé des deux côtés pour éviter une déformation due à une position prolongée sur un seul côté. Voici quelques pratiques simples pour les parents :

  • Alterner les bras lors des repas au biberon,
  • Alterner les positions de portage et de couchage,
  • Veiller à ce que le bébé tourne la tête de chaque côté lorsqu’il est couché,
  • Encourager la position ventrale lorsque le bébé est éveillé,
  • Jouer avec lui au sol, en créant un lien stimulant et actif.

Associer l’ostéopathie à la kinésithérapie

Il est intéressant de coupler l’intervention de l’ostéopathe à celle du kinésithérapeute.
L’ostéopathie aura un moment de choix dans les 3 premiers mois de vie, puisqu’elle s’adresse au modèle de mobilité passive.
La kinésithérapie sera nécessaire au moment où le bébé présente un tonus et une activité motrice suffisante.

Il est important d’observer un suivi en kinésithérapie tout au long des acquisitions motrice de l’enfant, même si les séances, en évoluant dans le temps, s’espaceront. En ce qui concerne l’ostéopathie, même s’il est souvent nécessaire de répéter quelques séances au début du parcours, celles-ci doivent s’espacer et ne seront que ponctuelles lors des grands changements au cours de la verticalisation (passage au 4 pattes et position assise puis verticalisation debout avec appuis). Les deux approches sont complémentaires et offrent les meilleurs résultats lorsqu’elles sont combinées.

Quels résultats espérer ?

La tête du bébé est naturellement conçue pour croître de manière symétrique sous l’impulsion de la croissance du cerveau. C’est la croissance du cerveau d’une part, et la tension appliquée par les différents groupes musculaires d’autre part, qui assurent le modelage et la conformation du crâne du bébé.

Les bons résultats dépendent de la précocité de la prise en charge et de l’environnement de l’enfant. Ce sont les stimulations de la motricité au quotidien, le changement d’appuis de couchage, puis la verticalisation du bébé qui va assurer la correction de la déformation. Il faut donc être patient et garder à l’esprit que toute la période de développement moteur jusqu’à la marche est à considérer. En général, les déformations importantes se réduisent rapidement avec le traitement ostéopathique précoce, mais la correction complète va prendre plus de temps et il est important de surveiller l’évolution à chaque nouvelle étape d’acquisition de la verticalité (assis et debout).

Pour favoriser un développement symétrique et sain, il est essentiel de laisser le bébé explorer différentes positions. Voici quelques recommandations pratiques :

  • Sur le ventre : permet de renforcer les muscles cervicaux.
  • Éviter le transat : considéré comme inutile et nuisible pour le développement postural, il est préférable de laisser le bébé jouer et se mouvoir librement sur le sol.
  • Varier les positions de couchage : pour éviter une pression constante sur une seule partie de la tête. La tête du bébé doit s’orienter librement de façon indifférenciée à droite comme à gauche

Il est important de vous rassurer : la plagiocéphalie, bien que nécessitant une attention précoce, n’est pas une pathologie grave.

Avec un suivi adéquat et des stimulations appropriées, la plupart des déformations se corrigent facilement avec le temps. Toutefois, il est crucial de surveiller les asymétries faciales plus sévères, qui pourraient nécessiter une intervention chirurgicale.
Il n’existe pas de preuves solides montrant que la plagiocéphalie entraîne des retards cognitifs significatifs. Les études disponibles sont souvent contradictoires et ne permettent pas de tirer des conclusions probantes à ce sujet…

Pour assurer un développement harmonieux du bébé, la capacité de symétrie motrice est toutefois essentielle, c’est le point pour lequel il est important de considérer précocement l’asymétrie corporelle du bébé dès les premières semaines de vie.

En conclusion

La plagiocéphalie (et le syndrome de KISS) sont des cas qui nécessitent une attention et une prise en charge appropriées, mais ne doivent pas être une source de panique pour les parents.

Ces problématiques sont très souvent liées à un état de tension important du bébé, s’exprimant par des pleurs excessifs, une carence de sommeil, des difficultés digestives. Il est important d’éliminer les pathologies qui nécessiterait un traitement médical en premier lieu, puis il faut accompagner sereinement le bébé dans des activités d’éveil et d’apaisement.

En combinant des interventions précoces et des pratiques de stimulation variées, vous pouvez aider votre bébé à développer une croissance adéquate, assurant ainsi le bien-être et son bon développement tant sur le plan physique (fonctionnel et moteur) que psychique (interactionnel et émotionnel).

Article co-écrit avec Alexandre Hours, ostéopathe pédiatrique.