Dépression post partum : comprendre, reconnaître et sortir du silence

La dépression post partum touche environ un cinquième des mères en post partum. Et pourtant... Même si les langues commencent à se délier, le sujet demeure profondément tabou. Alors Fée Dodo s'est tourné vers sa psychologue partenaire, Mathilde Bouychou, pour lever le voile sur ce sujet essentiel.
Femme inquiète se tenant le visage dans les mains

Le post partum est une période aussi bouleversante que méconnue. Alors qu’on s’attend à vivre un bonheur immense, beaucoup de jeunes mamans se sentent perdues, tristes, coupables ou anxieuses. Et cela n’a rien d’anormal. Dans cet article avec la psychologue Mathilde Bouychou, notre objectif est de mieux comprendre ce que vous traversez et vous aider à poser des mots sur ce que vous vivez, sans culpabilité.

Qu’est-ce que le post partum ?

Le post partum, ou période post-natale, correspond aux semaines et mois qui suivent l’accouchement. C’est une phase de profonds bouleversements, aussi bien physiques, psychiques, hormonaux qu’émotionnels. Alors que le corps se remet de la grossesse, la femme vit aussi une “naissance psychique” : devenir mère, c’est aussi se redéfinir entièrement. Et ce n’est pas toujours « tout rose » !

Pourquoi parle-t-on peu de cette réalité ?

Parce que la maternité reste idéalisée : elle devrait être “évidente”, “naturelle”, “heureuse”. En réalité, beaucoup de femmes se sentent envahies par des émotions contraires : fatigue extrême, doute, solitude, tristesse… Parfois, ces états passent. D’autres fois, ils s’installent. Ils sont alors l’expression de difficulté dans le processus psychique du devenir mère et deviennent un trouble psychique du post partum.

Baby blues vs dépression post partum : deux troubles fréquents

1. Le baby blues

  • Apparaît entre le 3e et 15e jour après l’accouchement
  • Touche 50 à 70 % des jeunes mamans
  • Se traduit par des pleurs fréquents, de l’irritabilité, de la fatigue, une hypersensibilité
  • Dure de quelques heures à quelques jours

Le baby blues n’est pas pathologique. Il est avant tout un état transitoire, ne dure pas et ne s’installe pas dans le temps. Il ne nécessite pas de traitement, mais mérite d’être écouté car il est l’expression de ce bouleversement qu’est l’accueil d’un enfant. 

Femme dépressive assise dans le cabinet d'un psychologue

2. La dépression post-partum (DPP)

Qu’est-ce que c’est ?

C’est un trouble de l’humeur qui touche 17 à 20 % des mères après l’accouchement. Elle peut survenir rapidement ou plusieurs semaines après la naissance. Contrairement au baby blues, elle s’installe dans la durée et affecte le lien mère-bébé.

La DPP peut s’installer en douceur, ou frapper sans prévenir. Voici des signes d’alerte :

Signes précoces chez la maman :
  • Difficulté à dormir malgré l’épuisement
  • Peur des pleurs du bébé
  • Sentiment d’être envahie par des regrets, des doutes
  • Impression de “perdre pied”, d’être “dans un étau”
  • Pensées intrusives ou peur de faire du mal au bébé
Signes chez le bébé :
  • Pleurs intenses, inconsolables
  • Ou au contraire bébé très calme, peu expressif
  • Refus de s’alimenter ou de regarder sa mère
  • Troubles du sommeil ou du poids*

Le bébé peut réagir à la souffrance psychique de sa mère, comme un miroir. Ce n’est pas de votre faute, c’est simplement un signal à écouter !

* Vous rencontrez des difficultés de sommeil avec votre bébé ? Ce n’est pas une fatalité. Des solutions existent, et retrouver du repos est un facteur déterminant pour sortir d’une dépression post partum. Faites notre diagnostic gratuit pour savoir quelle est la solution adaptée dans votre situation :

Comment savoir si je suis en dépression post-partum ?

Les symptômes dans lesquels vous vous reconnaîtrez peut-être :

  • Tristesse profonde, pleurs inexpliqués
  • Fatigue écrasante, même après du repos
  • Culpabilité, sentiment de ne pas être une “bonne mère”
  • Difficulté à s’attacher à son bébé
  • Sentiment de décalage entre ce qui est vécu et ce qui était attendu
  • Isolement social, impression d’être “en dehors du monde”
  • Phobies d’impulsion : pensées qui s’imposent à vous comme  faire du mal à votre  bébé, le faire tomber…
  • Troubles du sommeil ou de l’appétit
  • Pensées suicidaires (envie de disparaître, de fuir)

N.B. : Les phobies d’impulsion sont très fréquentes chez les jeunes parents. Ce ne sont pas des envies mais des pensées très angoissantes qui s’imposent. Elles provoquent de la peur chez le parent, mais pas du danger pour l’enfant. Il n’y a pas de passage à l’acte de la part du parent sur l’enfant. En parler libère.

Les autres troubles psychiques du post partum

La psychose puerpérale

  • Très rare (1 à 2 femmes sur 1000)
  • Apparition brutale de délires, hallucinations, confusion
  • Nécessite une hospitalisation immédiate
  • Peut mettre en danger la mère ou le bébé s’il n’y a pas de  prise en charge

La psychose puerpérale relève de l‘urgence médicale.

Le stress post-traumatique post-accouchement (SSPT)

  • Peut apparaître après un accouchement vécu comme violent ou effrayant
  • Reviviscences, cauchemars, évitement, troubles du sommeil
  • Peut exister même si l’accouchement a été médicalement “réussi”

Le regret maternel

  • Sentiment de ne pas aimer être mère (et non de ne pas aimer son enfant !)
  • Culpabilité, honte, comparaison, isolement
  • Ce vécu est réel et légitime, même s’il reste très tabou

Quelles solutions pour sortir de la souffrance en post partum ?

1. En parler pour se libérer de la honte

La première étape est de parler à quelqu’un de confiance : sage-femme, médecin, psychologue, ami·e. Nommer ce que vous traversez constitue déjà un soin et apaise l’angoisse.

2. Se faire accompagner

Les soins varient selon les besoins :

  • Psychothérapie (individuelle ou en groupe)
  • Traitement médical si nécessaire
  • Approches douces : relaxation, ostéopathie, groupes de parole
  • Hospitalisation spécialisée en cas de danger imminent

Vous pouvez passer le test d’Édimbourg (échelle de dépistage) sur le site des 1000 premiers jours. C’est un questionnaire en 10 points qui permet d’évaluer votre état mental et émotionnel sur les 7 derniers jours. Un score supérieur à 13 mérite une consultation spécialisée.

3. S’autoriser à demander de l’aide

Vous n’êtes pas faible. Vous n’êtes pas une mauvaise mère. Vous êtes humaine, dans une période vulnérable. S’autoriser à aller mieux, c’est un cadeau que vous faites aussi à votre bébé.

Le rôle des proches dans le post partum

  • Soyez présents sans envahir
  • Évitez les phrases comme “Mais tu as un bébé en bonne santé !”, « Mais tu as tout pour être heureuse ! »
  • Proposez des gestes concrets : préparer un repas, porter le bébé, écouter sans juger, garder l’enfant le temps d’un bain bien chaud
  • Encouragez la maman à demander de l’aide professionnelle

Quelques Ressources utiles

  • Le podcast « Parentalité(s) » de Mathilde Bouychou
  • Site et appli Les 1000 premiers jours
  • “Dépression post-partum, la face cachée de la maternité” (Larousse)

L’Association Maman Blues qui propose un forum de discussion, une ligne d’écoute, des groupes d’échanges partout en France.

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