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Aletha Solter et le miracle des pleurs chez les bébés et les enfants

Aletha Solter et le miracle des pleurs chez les bébés et les enfants

Aletha Solter et le miracle des pleurs chez les bébés et les enfants

Ceci est un article bonus en lien avec un QRcode du livre de Caroline Ferriol « Le Grand Guide du Sommeil de mon Bébé ».

Chez l’adulte, et plus particulièrement chez les hommes, les pleurs sont une question souvent perçue comme épineuse, douloureuse, taboue, interdite. Ils représentent un besoin nié, camouflé, qu’il faut rendre silencieux et inexistant à tout prix.

Même si les raisons de ce tabou sont différentes, c’est aussi vrai chez le bébé et chez l’enfant depuis quelques années, notamment du fait de l’étude de Middlemiss que nous évoquons à la page 76 du livre et que nous avons décortiquée bien plus en détail dans un article dédié : Pleurs de bébé, cortisol et étude Middlemiss.

Une épée de Damoclès est soudainement apparue au-dessus de la tête des jeunes parents, et notamment dans les milieux du maternage proximal : un bébé ne doit pas pleurer ! Si bébé pleure, un de ses besoins n’est pas rempli… par le parent ! Si mon bébé pleure, son cerveau va s’autodétruire… Somme résultant d’autant de méconnaissances et mauvaises interprétations des découvertes en neurosciences notamment vulgarisées par Catherine Guéguen à travers la phrase lue hors de son contexte : « Il ne faut pas laisser pleurer un bébé » et qui font de lourds dégâts dans les chaumières… et sur le sommeil de petits et grands.

Sur ce sujet crucial, je vous propose à nouveau un autre chemin : le vôtre et celui de votre enfant, en venant prendre connaissance de l’importance des émotions, des pleurs, de leur accueil, sous les lumières notamment d’Aletha Solter, et soumis aux besoins de votre propre famille.

L’importance des pleurs

Dans son ouvrage Pleurs et colères des enfants et des bébés (2015), la psychologue spécialiste du développement Aletha Solter souligne l’importance bien trop souvent négligée de l’expression des émotions chez l’être humain, et plus particulièrement chez le petit. Alors même que « pleurer est une réaction naturelle de l’enfant qui éprouve une douleur émotionnelle, quelle qu’elle soit » (1), combien d’entre nous avons entendu, enfants, nos parents nous sommer « d’arrêter de pleurer », ou affirmer qu’il n’y a « pas besoin de pleurer pour ça » ? Combien d’êtres humains masculins ont grandi dans le stéréotype de virilité qui veut qu’un « homme ne pleure pas » ? Combien se sont retrouvés seuls avec ces émotions, mis en retrait et sommés d’arrêter ? »

En cas de situation de stress chez l’être humain, l’hypothalamus (situé dans le cerveau) envoie d’abord un signal au système nerveux sympathique qui déclenche une réaction de lutte ou de fuite : ainsi, on observe une dilatation des pupilles, une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la tension artérielle et du flux sanguin vers les muscles. Quant à l’hypophyse, elle libère la corticostimuline, qui entraîne la production d’hormones appelées glucocorticoïdes, qui elles-mêmes nous permettent d’utiliser l’énergie disponible pour faire face à la situation de stress.

Chez nos ancêtres, ces réactions étaient le plus souvent provoquées par une menace animale ; elles devaient être immédiates et comprenaient la plupart du temps une puissante dépense énergétique. Notre évolution a eu deux conséquences : d’une part, notre néocortex s’est développé, nous dotant de sentiments amoureux, de sensibilité, de conscience et d’une pensée complexe ; d’autre part, les stress que nous connaissons aujourd’hui sont majoritairement d’ordre psychologique. Pourtant, notre mécanisme de réaction n’a pas changé : « Nos corps continuent à réagir au stress purement émotionnel comme si nous étions toujours poursuivis par le fameux animal redoutable ! Nous sommes conçus pour dépenser une énergie considérable face à des émotions violentes telles que la frayeur ou la fureur, ce qui, pourtant, n’est pas toujours approprié ». (2)

Néanmoins, comme nous l’avons déjà dit, l’accumulation de glucocorticoïdes (hormone du stress donc cortisol) et la stimulation répétée du système nerveux sympathique sont dangereuses pour le corps. Elles peuvent entraîner des maladies telles que l’athérosclérose et les troubles cardio-vasculaires, des angoisses, des difficultés de concentration et d’apprentissage, un affaiblissement du système immunitaire ou encore une accélération du processus de vieillissement.

Le corps humain a donc développé un mécanisme alternatif pour s’adapter à une réalité nouvelle : les pleurs ! En effet, ces derniers font partie intégrante et essentielle du cycle « stress/détente » : ils ont une réelle fonction physiologique. Les études menées notamment par James J. Gross ou Werner Karle (3) montrent que pleurer provoque un ralentissement du rythme cardiaque, une baisse de la température corporelle, une diminution de la tension artérielle… autant d’indices de détente du corps. Les chercheurs qui se sont penchés sur la composition des larmes sont formels : elles contiennent de la corticostimuline. Autrement dit, elles sont bien destinées (comme la transpiration, l’urine ou les menstruations) à évacuer de notre corps les déchets organiques et à abaisser notre taux de cortisol, l’hormone du stress… et de l’éveil.

D’où les célèbres « pleurs de décharge » des bébés, durant lesquels ils éliminent en fait l’excès de stress accumulé durant la journée (4), soit dus à une surstimulation (normale) de la part de l’environnement et du fait d’être au monde, soit dus au manque de sommeil avec de trop courtes/peu nombreuses siestes. Ces pleurs de décharge sont essentiels au bébé pour aller ensuite vers le sommeil, cela leur permet de réguler la balance entre cortisol et mélatonine.

Que faire quand les pleurs de bébé surviennent ?

Néanmoins, il ne s’agit pas là pour autant de mettre le bébé ou l’enfant à l’écart durant ce besoin de décharge naturel ! Sans quoi, il pourrait éventuellement, durant ce moment d’exclusion (comme dans l’étude de Midellmiss), produire du cortisol plutôt que de le décharger ! Car il passerait d’un état émotionnel de colère, frustration ou tristesse, à un état de peur, dû à ce que son émotion aura produit comme réaction chez l’adulte : un retrait, un abandon, un laisser-seul, qui dans le cerveau du tout petit, serait impossible à traduire autrement que comme une mise en danger, en insécurité complète !

Nous touchons là le cœur du problème. Ce n’est pas de l’ordre de la nuance, c’est un point capital, qui justement distingue mon approche et ma philosophie de ce qui a été déduit de l’étude Middlemiss et de ce qui est souvent conseillé dans les réseaux de maternage proximal. Personnellement, j’ai toujours ressenti ceci comme un dogme non fondé. Et c’est cette posture de l’adulte, que je vais développer juste après, qui fait toute la différence.

En effet, il s’agit d’accompagner les émotions de bébé, sans les nier et sans être absent. Car comme le dit si bien Aletha Solter, « un bébé qui pleure ne devrait être ni distrait ni abandonné ». (5)

Lorsqu’en tant qu’adulte, nous avons des émotions puissantes, nous avons éventuellement besoin d’être enserrés (pas toujours), mais surtout d’être entendu. À vous de doser et de regarder ce dont votre enfant a besoin. Parfois, lorsque l’on cherche à stopper une émotion par une tétine, des bercements ou la mise au sein, ou toute une somme de réponses pour répondre aux pleurs, nous pouvons entraver le fait de laisser exprimer pleinement cette émotion aussi longtemps que nécessaire.

Je vous invite à vous transposer dans l’idée que vous avez passé une journée catastrophique au bureau, votre responsable vous a hurlé dessus, vous n’avez pas eu de bonnes relations avec vos collègues… et enfin vous rentrez chez vous le soir. Vous passez la porte, vous êtes dans un état de surcharge de stress intense, et vous vous sentez enfin en sécurité.

La seule chose que vous avez envie de faire c’est de pleurer ou de hurler. Lorsque votre compagnon vous voit dans cet état, la plupart des réactions d’adultes à adultes vont être alors, soit de se prendre dans les bras (sauf si c’est de la colère qui a besoin de sortir, dans ce cas, nous restons légèrement en recul, mais disponible), et surtout de s’écouter, se comprendre.

Mais imaginez qu’à ce moment, alors que vous vous autorisez à pleurer, ou à crier, votre compagnon/compagne vous saute dessus, avec angoisse, stress et fébrilité, qu’il vous prenne dans ses bras et vous mette sens dessus dessous, vous allonge et vous masse le ventre, vous secoue de haut en bas en faisant des squats et s’asseye sur un ballon, vous dise « Chut chut chut, arrête de pleurer », vous mette en portage, vous mette un sein ou un biberon dans la bouche…

Quel effet cela vous ferait-il ? Prenez un temps. Vraiment.

Potentiellement, vous seriez surpris peut-être auriez peur, ou bien cela pourrait déclencher encore plus d’énervement. Et si éventuellement ce qu’il vous met dans la bouche est sucré, un peu de plaisir et de détente pourrait advenir… Dans ce dernier cas, si vous vous calmez très vite, vous le savez, votre stress sera toujours là, votre envie de dire votre colère aussi… Tout ceci ne serait que relégué à plus tard… Vous seriez alors potentiellement grognon le reste de la soirée, vous auriez du mal à vous endormir le soir, et cette colère ou tristesse reviendrait plus tard, déclenchée par un événement banal, vous donnant simplement l’occasion de pouvoir l’extérioriser enfin (comme le traduit Aletha Solter avec sa théorie du biscuit cassé).

En réalité, la seule chose que vous souhaitiez, était de pouvoir décharger ce trop-plein de stress, en toute sécurité.

Pour votre bébé ou enfant, quel que soit son âge, il s’agit exactement de la même chose. Je vous encourage donc vraiment à respecter les émotions de votre enfant. Par contre, ce n’est pas parce que votre enfant a une émotion que cet événement a besoin de se transformer en quelque chose de l’ordre de la punition et de l’irrecevable, ou déclencher de la colère, du stress ou même de la tristesse chez vous. Votre enfant a ses émotions propres : il a surtout besoin d’un roc à ses côtés pour recevoir son émotion et l’autoriser à la décharger. « Tout va bien. Tu as le droit d’être en colère et de décharger. C’est ok. Je suis là pour toi et tout va bien. Tu es en sécurité. »

Si vous n’avez pas de but : comme l’endormir ou arrêter cette émotion (même si c’est l’heure de la sieste ou du coucher et même si vous avez les enfants plus grands à côté qui dorment ou des amis dans le salon), et si vous êtes simplement là, alors il y a de fortes chances pour que votre bébé/enfant s’apaise beaucoup plus facilement et surtout se sente en sécurité, soutenu, entendu. Il pourra alors se libérer des tensions qu’il ressent, de la manière la plus naturelle qui soit : par les pleurs. Et parfois, par des pleurs très forts ! Par une très grosse colère ! Et il en a le droit ! Tout comme vous, si vous rentrez du bureau, très en colère contre votre patron : plus vous réussirez à l’extérioriser avec force, plus vous vous sentirez soulagé. Et si en face de vous, la personne est à même de le recevoir, sans se sentir attaquée, ou coupable ou gênée, mais qu’elle est simplement là pour vous, et pour vous écouter avec empathie et compréhension : « Quel salaud ce patron, il t’a vraiment énervé ! », alors vous savez, autant que moi, l’immense bien-être et détente qui vous envahira par la suite et l’élan d’amour, de connivence et de reconnaissance que vous ressentirez pour cette personne.

À l’inverse, partir, d’autant plus en étant en colère, et enfermer le bébé/enfant seul dans la chambre peut faire en sorte que son émotion normale de colère et de tristesse se transforme en détresse et en sentiment d’abandon. Imaginez que vous le laissiez seul dans la forêt, avec de la colère en vous, sans qu’il y soit habitué, sans avoir construit de cabane pour le protéger et sans avoir mis en place la notion de sécurité dans cette cabane : là, c’est évidemment une notion d’angoisse qui peut surgir pour votre enfant.

Tout ceci ne s’applique, évidemment, que si vous avez les ressources émotionnelles pour le faire et que le bébé/enfant est en bonne santé. Et c’est aussi pour cela que je ne m’autorise pas à accompagner toutes les familles dans le cadre de Fée Dodo. Nous effectuons une étude complète de la famille, de la situation et de la santé de l’enfant avant tout accompagnement.

Car si vous sentez que vous êtes dans un état de grande fragilité émotionnelle, que ce bébé ou cet enfant vous fait ressentir des émotions violentes et fortes, contre lui ou contre vous-même, il est alors, à ce moment, ESSENTIEL de vous protéger et de protéger votre enfant. Il vous faudra le déposer dans sa chambre et son lit en sécurité, ou vous éloigner de lui, et demander en urgence de l’aide médicale.

Les « mécanismes de contrôle des émotions » d’Aletha Solter

Ces informations vont évidemment à l’encontre de notre éducation, qui nous pousse à tout tenter pour « stopper » les larmes de nos enfants : dès lors, nous avons tendance à déployer une série de stratégies de « contrôle » des émotions, afin de ne pas les évacuer ou les laisser sortir. En tant qu’adultes, nous avons nous-mêmes recours régulièrement à de telles stratégies : elles peuvent prendre la forme de boulimie, de tics, d’ongles rongés, de suractivité, de distractions telles que la télévision ou encore de consommation d’alcool, de café ou de drogues.

J’expose ici la vision d’Aletha Solter, que je ne partage pas entièrement et souhaite nuancer. D’après la psychologue, en vue de mettre fin rapidement aux pleurs de leur enfant (notamment au moment d’aller dormir), les parents font le plus souvent appel aux mécanismes de contrôles des émotions suivants :

  • La tétée, qui peut entraîner une association entre nourriture et émotion ;
  • Le mouvement/la stimulation vestibulaire, que l’enfant serait ensuite tenté de reproduire par l’hyperactivité ou le « simple » fait de se cogner la tête ;
  • La succion (pouce, tétine) et les autres objets sécurisants/transitionnels (doudou), refuges de certains bébés qui les empêchent de libérer leur stress.

L’autrice emploie des mots forts, avec peu de nuances, et qui peuvent vite être culpabilisants. D’après elle, ces mécanismes « peuvent être considérés comme une forme de désensibilisation ou de dissociation psychologique, des processus qui permettent effectivement aux bébés d’étouffer leur douleur, mais non d’y remédier ». (6)

Mécanismes de contrôle et stratégies de sommeil

Je rejoins Aletha Solter dans l’idée qu’il est capital pour les jeunes parents de comprendre l’importance des pleurs pour les bébés (mais aussi pour l’être humain en général) : cela permet à la fois de déculpabiliser et de percevoir les émotions de bébé différemment au quotidien. Parfois, par exemple dans le cadre des pleurs de décharge du soir, bébé pleure tout simplement parce qu’il a besoin de pleurer pour revenir à un état de détente : vous ne passez pas à côté de quelque chose et ce n’est pas votre « faute ». Il n’est pas attendu des parents d’avoir l’intention de sécher au plus vite les larmes de leur petit : elles sont indispensables, et demandent surtout à être accompagnées pour tisser un lien de confiance réciproque.

Néanmoins, la psychologue omet à mon sens de poser deux distinctions déterminantes entre mécanismes de contrôle et stratégies de sommeil, puis entre stratégies de sommeil dépendantes et autonomes. En effet, voici ce qu’elle écrit, appliquant les « mécanismes de contrôle des émotions » au cadre du sommeil :

« Même lorsqu’ils partagent le lit de leurs parents, les réveils nocturnes des bébés posent un problème dont la clé réside dans la compréhension des mécanismes de contrôle. Si vous avez l’habitude, par exemple, de donner le sein à votre bébé pour l’endormir alors qu’il aurait besoin de se relaxer en pleurant, il s’appuiera bientôt sur cette béquille pour trouver le sommeil chaque fois qu’il se réveille la nuit ». (7)

Il ne s’agit pas forcément ici pour les parents d’exercer un contrôle sur les émotions ; nous pouvons par contre imaginer que la maman de ce bébé a remarqué que le sein apaisait son enfant et l’aidait à s’endormir. Nous avons vu au chapitre 2 en quoi cela pouvait effectivement se révéler problématique : Aletha Solter n’ayant pas connaissance des mécanismes en lien avec le sommeil et des stratégies de sommeil plus précisément, confond ici la stratégie de sommeil du bébé en lien avec la succion du sein et la nourriture. Il ne s’agit pas d’un besoin de décharger une émotion pour le bébé, que la maman empêche d’advenir avec son sein. Il s’agit simplement d’une stratégie de sommeil pour passer ses cycles de sommeil mise en place entre le bébé et la maman. Ce bébé est également dépendant à la présence de sa mère dans le cadre de ses stratégies de sommeil.

Néanmoins, la dépendance à la présence parentale dans le cadre du sommeil peut être incompatible avec les besoins et valeurs de certaines familles ; elle peut également être à l’origine de réveils nocturnes (si les conditions d’endormissement changent, avec un parent qui ne reste pas dormir avec son bébé) et déclencheur d’angoisses chez certains enfants. C’est pour toutes ces raisons qu’accompagner votre enfant vers des stratégies de retour au calme et d’endormissement autonomes peut permettre un rapport au sommeil plus apaisé.

Lorsqu’ils sont considérés comme des stratégies de sommeil et non des mécanismes de contrôle des émotions (hors temps de sommeil et d’endormissement), voici comment nous pouvons classer les mécanismes évoqués par Aletha Solter :

Stratégies dépendantes :
  • Tétée (lorsque l’alimentation nocturne n’est plus nécessaire)
  • Le mouvement
  • La tétine
Stratégies autonomes :
  • Le pouce
  • Le doudou

Selon moi, le doudou est justement un très bon objet transitionnel dans le cadre du sommeil : j’invite néanmoins à ce qu’il reste un compagnon de nuit qui ne quitte pas le lit. Le pouce et le doudou sont deux stratégies de sommeil entièrement autonomes. Lorsqu’elles sont en lien avec le sommeil, elles ne sont pas nécessairement des mécanismes de contrôle des émotions.

Un enfant peut tout à fait sucer son pouce le soir au coucher, sans être dans un état de stress ou dans un besoin de décharge émotionnelle. Il s’agit là simplement d’une stratégie de sommeil qu’il a mise en place. Par contre, si votre enfant prend son pouce à chaque colère dans la journée ou à chaque temps calme, il convient de s’interroger sur son besoin et je vous encourage à plutôt lui proposer vos bras ou un vrai temps de repos dans son lit pour dormir.

De même, un doudou sorti du lit et présent constamment dans les bras d’un enfant « ronchon » devient alors un mécanisme de contrôle des émotions. L’enfant, au lieu de libérer franchement et complètement son émotion et ainsi d’accéder à la détente afin de pouvoir continuer sa journée tranquillement, se retrouve collé à son doudou et garde son stress présent en contrôlant son émotion.

Il est important de distinguer 2 situations chez votre enfant :

  • Besoin d’extérioriser une émotion, en journée ou lors d’un coucher difficile, auquel cas je vous encourage à favoriser l’expression pleine et entière de cette émotion et d’accompagner votre enfant de votre présence et éventuellement de vos bras, sans doudou, tétine, pouce ou tout autre mécanisme visant l’arrêt de l’émotion.
  • Besoin de mettre en place sa stratégie de sommeil autonome lors d’un coucher calme et habituel, ou suite à l’expression d’une colère dans le cadre d’un coucher.

Pour exemple concret, parfois ma fille est boudeuse au coucher, ou très excitée, ou refuse que je parte de sa chambre. Je lui explique clairement et doucement que maintenant c’est l’heure de dormir et que je vais m’en aller. À ces mots, elle commence soit à pleurer un peu, protester encore plus, ou fait mine de ne pas écouter. Je lui dis alors : « Je vois que tu es un peu énervée ce soir, as-tu besoin de venir pleurer un peu dans mes bras ? ». La réponse est toujours positive, elle vient vite se blottir et chouine un peu s’il y avait peu à décharger, ou se met à pleurer vraiment. Je ne dis rien, et la garde contre moi, je suis là, simplement. Lorsque je vois qu’elle s’apaise un peu, je la mouche et je lui demande. Tu te sens mieux maintenant ? Tu es prête à aller dormir ? Elle me répond toujours oui et est ravie de retourner se blottir dans son lit. À ce moment là, elle se tourne sur le côté, prend son pouce et son doudou (qui sont ses stratégies de sommeil actuelles) et me laisse lui faire son dernier bisou. Nous nous quittons dans la joie et la sérénité.

Parfois, ce besoin de pleurer un peu intervient plus tôt, dès le moment de l’histoire ou du câlin. Je la trouve très agitée, peu disponible à son rituel. Je lui annonce donc que je vois qu’elle n’est pas avec moi pour ce temps et que donc, je vais arrêter là, lui dire bonne nuit et m’en aller. Cela déclenche évidemment des protestations. Je lui propose alors de venir pleurer un peu dans mes bras. Cela dure très peu de temps, et ensuite elle est pleinement disponible à son rituel et à son coucher.

Cette compréhension fine des besoins de libération émotionnelle de vos enfants sera précieuse dans votre quotidien, que cela soit en lien avec le sommeil ou tout autre moment important de votre journée avec lui.

Sachez également que Aletha Solter propose dans son livre « Pleurs et colères des bébés et des enfants », un accompagnement des crises de rage pour les enfants, qui est une voie merveilleuse de sécurisation avec les enfants hypersensibles notamment.

Conclusion

Pour conclure et résumer, nous pouvons dire avec certitude que le sujet des pleurs de bébé n’est pas anodin. Votre façon d’appréhender les pleurs de bébé peut avoir des conséquences sur son sommeil. Quelles que soient votre position et votre histoire, j’espère que ces quelques lignes vous permettront d’avoir des éclaircissements sur les différents points de vue aujourd’hui mis en avant, et d’être le plus serein(e) possible dans vos choix.

Cet article a vraiment pour objectif de vous amener à réfléchir sur votre rapport aux pleurs de façon générale, sur ce que les pleurs de votre enfant vous évoquent et les réactions qu’ils impulsent chez vous.

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Sources

  • (1) SOLTER Aletha, Pleurs et colères des enfants et des bébés, Genève, Jouvence, 2015, p. 23.
  • (2) Ibid., p. 26.
  • (3) Entre autres : GROSS James, FREDRICKSON Barbara, LEVENSON Robert, The psychology of crying, Psychophysiology, 31, 1994, pp. 460-468 et KARLE Werner, CORRIERE Richard, HART Joseph, Psychophysiological changes in abreaction therapy, Study 1 : Primal Therapy, Psychotherapy : Theory, Research and Practice, 10, 1973, pp. 117-122.
  • (4) Et/ou en lien avec un manque de sommeil de jour.
  • (5) SOLTER Aletha, Pleurs et colères des enfants et des bébés, Genève, Jouvence, 2015, p. 79.
  • (6) SOLTER Aletha, Pleurs et colères des enfants et des bébés, Genève, Jouvence, 2015, p. 79.
  • (7) SOLTER Aletha, Pleurs et colères des enfants et des bébés, Genève, Jouvence, 2015, p. 91.