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Le temps de sommeil recommandé par tranche d’âge selon les chiffres de la National Sleep Foundation

Le temps de sommeil recommandé par tranche d’âge selon les chiffres de la National Sleep Foundation

Le temps de sommeil recommandé par tranche d’âge selon les chiffres de la National Sleep Foundation

Ceci est un article bonus en lien avec un QRcode du livre de Caroline Ferriol « Le Grand Guide du Sommeil de mon Bébé »

Et si bébé devait – et pouvait – dormir plus ?!

Il était important pour moi de communiquer les chiffres et recommandations de la National Sleep Foundation (1), reprises par le réseau Morphée, l’American Academy of pediatrics, puis le CDC selon l’âge de l’enfant :

“Pour les individus en bonne santé ayant un sommeil normal, la durée de sommeil appropriée :

  • pour les nouveau-nés se situe entre 14 et 17 heures
  • pour les nourrissons entre 12 et 15 heures
  • pour les tout-petits entre 11 et 14 heures
  • pour les enfants d’âge préscolaire entre 10 et 13 heures
  • pour les enfants d’âge scolaire entre 9 et 11 heures
  • pour les adolescents, 8 à 10 heures sont considérées comme appropriées
  • 7 à 9 heures pour les jeunes adultes et les adultes
  • et 7 à 8 heures de sommeil pour les adultes plus âgés ».
Source : https://sommeilenfant.reseau-morphee.fr/enfant/sommeil-de-lenfant/

Origine des données sur les temps de sommeil

Les recommandations ci-dessus, relayées par les institutions et médias aujourd’hui en France, sont issues de la National Sleep Foundation. La National Sleep Foundation a actualisé ses précédentes recommandations suite à la réalisation d’une étude, en 2015, dont l’objectif était de réaliser une mise à jour scientifiquement rigoureuse des préconisations en termes de sommeil selon les différents âges de la vie.

Les résultats de cette étude permettent de distinguer une fourchette de temps de sommeil optimale par âge, entourée au-dessus et en-dessous de tranches de temps de sommeil acceptables. Les temps de sommeil qui se trouvent en dehors des données sont considérés comme non favorables à la bonne santé de l’individu en question.

Questionnements de Fée Dodo sur les données actuelles sur les temps de sommeil du bébé et de l’enfant

Les résultats de cette étude ont permis d’actualiser les recommandations antérieures. Pour autant, il convient de se poser la question de la pertinence de cette actualisation : reflète-t-elle fidèlement les besoins des enfants et la réalité de ce qui peut exister au sein des familles ? En effet, actualisation ne veut pas dire amélioration ou vérité absolue.

La question s’est posée rapidement chez Fée Dodo dans la mesure où les données indiquées ne semblent pas fidèles aux résultats empiriques. Nous constatons des écarts entre les préconisations issues de cette étude et l’expérience terrain des consultantes en exercice chez Fée Dodo depuis plus de 4 ans et des résultats que celles-ci obtiennent après leurs consultations et accompagnements sur plusieurs semaines, mois et années, des familles (plusieurs milliers). Il semble que les tout-petits ont besoin de plus de sommeil et qu’ils sont tout à fait en mesure d’y répondre en dormant bien plus que les chiffres nouvellement posés ! Plus alarmant, une majorité de bébés et enfants s’avèrent être en grand manque de sommeil lorsqu’ils se trouvent dans les tranches basses à moyennes des chiffres de la National Sleep Foundation.

En réalité, nous n’avons JAMAIS croisé de nouveau-nés dormant 14 heures, de nourrissons dormant 12 heures, de tout-petits dormant 11 heures, ni de d’enfants en âge préscolaire dormant 10 heures ou d’enfants d’âge scolaire dormant 9 heures, sans qu’ils ne soient en état évident de manque de sommeil et qu’ils n’aient d’eux-même ajouté plusieurs heures à leur quota par 24h, une fois l’accompagnement terminé et les troubles du sommeil dénoués.

Nous avons donc eu envie de comprendre pourquoi il y avait ces écarts, comment de tels chiffres (si distants de notre réalité terrain) pouvaient ressortir d’une étude officielle, et de quelle manière les interpréter. Pour cela, nous avons décortiqué l’étude ayant servi de support aux recommandations actuelles.

Voici notre analyse et nos remarques, en espérant que cela vous aide, comme toujours, à faire des choix éclairés.

Méthode utilisée par la National Sleep Foundation

La NSF a réuni un groupe de 18 experts, issus de différents domaines. Il leur a été demandé d’évaluer la littérature scientifique concernant la durée du sommeil. Il s’agit d’une méthode de collecte de données et d’évaluation de pertinence appelée RAND/UCLA.

Les critères d’études reprenaient les sujets humains, la langue anglaise, les publications dans une revue à comité de lecture, et la population normale, sans troubles du comportement ; les recherches médicales prises en compte sont : les données sur la durée du sommeil, les effets d’une durée de sommeil prolongée ou réduite et les conséquences sur la santé d’un sommeil trop long ou trop court.

La littérature étudiée est celle comprise entre 2004 et 2014. Parmi les 2412 articles qui sont ressortis des recherches, 312 ont été sélectionnés selon ces critères.

Nos remarques :

Cette étude n’est pas une étude clinique d’évaluation des temps de sommeil effectuée sur un groupe d’enfants (à la différence de l’étude ELFE par exemple), mais une étude qui consiste à collecter des données relatives au temps de sommeil et à les compiler pour en sortir des grandes moyennes, puis les soumettre au vote subjectif.

Par ailleurs, les tranches d’âge indiquées sont très larges et ne prennent pas en compte les différences importantes en bas âge. Les fourchettes indiquées sont également très larges (de nombreuses heures de différence), et sans réelle précision de pourcentages d’appartenance du nombre d’enfant sur ces différentes moyennes, afin de pouvoir en comprendre le caractère très exceptionnel ou non.

En 2022 sont encore reprises les données issues de cette étude qui a travaillé sur 10 ans de recherches entre 2004 et 2014. Or, sur ces 8 dernières années, les études sur le cerveau et le sommeil ont explosé. Une mise à jour semble nécessaire pour bénéficier des dernières découvertes et résultats d’études sur le sujet.

Enfin, lorsqu’il est indiqué “personne sans trouble du comportement”, nous pouvons nous demander ce que cela implique. Il n’est pas nécessaire d’être diagnostiqué avec un trouble du comportement, donc avoir une pathologie reconnue et sévère, pour souffrir de certains troubles du comportement qui peuvent, à bien des égards, impacter négativement le sommeil.

Déroulé de l’étude

Afin d’élaborer les recommandations sur la durée du sommeil, le groupe d’experts a évalué la pertinence de chaque durée de sommeil possible (c’est-à-dire de 0 à 24 heures). Leurs options de réponses étaient : approprié, inapproprié ou incertain. Ils devaient également indiquer si les notes étaient basées sur des preuves scientifiques convaincantes ou faibles, l’opinion d’expert, ou leur propre expérience.

Le panel d’experts s’est ensuite réuni à 4 reprises pour voter, après avoir reçu et étudié les articles en question, et 2 fois supplémentaire pour en déduire des notes et des données pour chaque tranche d’âge. Il est indiqué dans l’étude que dans la mesure du possible, un consensus a été atteint, sans cependant faire d’effort pour éliminer les désaccords.

Nos remarques :

Tout le déroulé de l’étude, la collecte et la notation nous indiquent que les résultats obtenus reflètent les temps de sommeil dormis par les populations concernées lors des études, sur une période donnée. Malgré la complexité et la fiabilité des statistiques utilisées pour en ressortir de grandes tendances, nous ne pouvons ignorer que ces données ne reflètent pas la réalité dans la vie de tous les jours, mais simplement les résultats d’autres études, qui avaient des biais de recrutement en fonction de l’objectif de chacune et des panels plus ou moins petits.

Résultats et conclusion de l’étude

“Les exigences en matière de durée de sommeil suffisante varient tout au long de la vie et d’une personne à l’autre. Les recommandations rapportées ici représentent des lignes directrices pour les individus en bonne santé et ceux qui ne souffrent pas d’un trouble du sommeil. Des durées de sommeil en dehors de la fourchette recommandée peuvent être appropriées, mais il est rare que l’on s’écarte beaucoup de la fourchette normale. Les personnes qui dorment habituellement en dehors de la fourchette normale peuvent présenter des signes ou des symptômes de graves problèmes de santé ou, si elles le font volontairement, compromettre leur santé et leur bien-être.”

Nos remarques :

Il est indiqué que les recommandations rapportées reflètent les lignes directrices pour des enfants et adultes en bonne santé et ne souffrant pas de troubles de sommeil. Or, c’est justement ce que nous cherchons à déterminer ! De très nombreux enfants et adultes ignorent être en manque de sommeil. Surtout chez les tout-petits, le manque de sommeil peut se traduire par des réactions et symptômes différents, et ce manque ne peut être verbalisé. Il est peu probable que l’ensemble de la littérature épluchée ne couvre que des individus sans aucun trouble du sommeil. La notion de “bonne santé” est également à relativiser. Que signifie réellement “être en bonne santé” ? De nombreuses maladies ou troubles de santé peuvent être éloignés d’apparence au manque de sommeil et finalement en être une cause ou une conséquence. Prenons l’exemple de l’immunité : une faible immunité peut se traduire par de longues périodes de mauvais sommeil. Le manque de sommeil a aussi, de son côté, un impact direct sur l’immunité. C’est la raison pour laquelle nous trouvons surprenant de partir du postulat de départ que les fourchettes évoquées reflètent la durée du sommeil appropriée pour des individus en bonne santé.

Discussion :

Le groupe d’experts a souligné que “certaines personnes peuvent dormir plus ou moins longtemps que les durées recommandées sans effets indésirables […] En revanche, les personnes dont la durée de sommeil est très éloignée de la normale peuvent être en train de restreindre volontairement leur sommeil ou avoir de graves problèmes de santé. Une personne qui restreint intentionnellement son sommeil pendant une période prolongée peut compromettre sa santé et son bien-être.” À la lecture de ce passage, nous pouvons nous demander à quoi bon formuler des fourchettes de recommandations si c’est pour indiquer qu’en dehors de ces fourchettes cela peut être tout à fait bon aussi.

Le fait que l’accent de cette étude soit mis sur la rigueur statistique, et pas sur la fiabilité des données originales, nous a aussi un peu troublés. Comment savoir, par exemple, si un enfant qui dort régulièrement le nombre d’heures indiquées dans “peut-être approprié pour certaines personnes”, ne souffrira pas plus tard de conséquences de manque de sommeil. Ceci est particulièrement difficile à déceler et à suivre, quelle que soit la fiabilité statistique de collecte de données. Cela ne peut pas remplacer une étude de terrain, menée sur une cohorte significative et sur le long terme.

Il faut aussi noter que -et ceci est rappelé en conclusion par l’étude elle-même- la littérature basée sur des cohortes de population ne font souvent pas la distinction entre le temps passé au lit et le temps de sommeil effectif. Ce qui pourtant a un impact important sur les données recherchées ! Cela biaise significativement les résultats. Idem pour les études présentant des résultats ou des analyses statistiques de temps de sommeil basés sur des questionnaires envoyés aux personnes sondées. C’est à l’appréciation directe de la personne, selon sa mémoire du moment, sa compréhension des questions et sa rigueur de réponses. Il est également indiqué dans la partie discussion de cette étude, que pour les études réalisées en laboratoire, le temps de sommeil est souvent erroné, car les nuits en laboratoire sont de durée plus courte. Et enfin, il est précisé que, dans cette étude, seul le temps de sommeil a été pris en compte. Or, la qualité du sommeil, la structure du sommeil et le moment du sommeil dans la journée sont des points tout aussi essentiels à explorer.

Tous ces éléments mettent en évidence que les résultats ne peuvent être que très approximatifs et sont à prendre avec précaution. Selon Caroline Ferriol, l’expérimentation terrain et le recueil de données auprès des familles suivies sur plusieurs semaines avec traçage des données écrites et parfois système connecté intelligent de traçage du sommeil (en ce qui concerne les bébés et enfants du moins) semblent être des données très précieuses et intéressantes à prendre en compte car beaucoup plus fiables. C’est d’ailleurs ainsi que finit le rapport d’étude de la National Sleep Foundation : “des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les dimensions et les mesures du sommeil”.

Pour conclure, il nous semble important de souligner que le temps de sommeil des bébés est un vaste sujet qui prête à débat et qui nécessite un maximum d’ouverture d’esprit et de discussion. Les données présentées ici, suite à cette étude, si on enlève les différents biais possibles sont dans tous les cas ce qui se fait, et non pas ce qui pourrait se faire, ou ce qui serait idéal d’atteindre. Et c’est là toute la nuance ! Le sommeil de votre bébé ou enfant peut mériter d’être amélioré même si vous avez l’impression qu’il rentre dans “la bonne case”. C’est son attitude, son comportement et la qualité ininterrompue de ses nuits qui doivent être votre baromètre.

Recommandation de Fée Dodo sur les temps de sommeil du bébé et de l’enfant

Grâce à mon expérience et avec le recul des milliers de familles accompagnées, j’ai pu affiner ces recommandations sur les temps de sommeil favorables pour les tout petits, tout en veillant à ne rien figer et à s’adapter à chaque famille et chaque accompagnement.

C’est pourquoi j’ai décidé d’inscrire dans mon livre le tableau de recommandations de sommeil en lien avec mes propres données, sans reproduire aveuglément celui proposé par la National Sleep Fondation.

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