Les méfaits du sucre
Ceci est un article bonus en lien avec un QRcode du livre de Caroline Ferriol « Le Grand Guide du Sommeil de mon Bébé »
Le sucre est un sujet globalement complexe et son lien avec le sommeil ne fait pas exception. Néanmoins, les scientifiques savent aujourd’hui que son impact sur nos nuits est significatif et multiple. Je souhaite ici jouer un rôle préventif en vous informant des enjeux et des points de vigilance à observer, notamment lorsque les tout-petits souffrent de troubles du sommeil.
Le sucre est-il dangereux pour la santé et le sommeil de nos enfants ?
“Pourquoi se méfier du sucre ?” ; “Le lait maternel contient du sucre, alors c’est forcément bon et intéressant pour bébé !” ; “Et puis c’est bien connu, le sucre, c’est le carburant de notre cerveau, nos enfants en ont donc besoin !”. Toutes ces remarques sont justifiées. Il se trouve que le problème ne vient pas tant du fait de consommer du sucre, mais bien de savoir de quel sucre il s’agit, quand, combien et comment ! Les études démontrant qu’une surconsommation de sucre (ou une consommation inappropriée) chez l’adulte nuit au sommeil sont nombreuses. Il existe beaucoup moins de recherches en ce qui concerne les enfants. Cependant, les mécanismes physiologiques de l’enfant étant identiques à ceux de l’adulte, il n’est pas excentrique de tirer des conclusions similaires… Même si souvent, chez l’enfant, les conséquences sont moins prononcées que chez l’adulte car leur niveau de santé et de vitalité est meilleur.
Sucres naturels, sucres raffinés, santé et sommeil
Les sucres sont très appétents, à tout âge. Si le petit enfant a l’habitude de consommer beaucoup de produits sucrés tout au long de la journée, il ressentira le besoin d’en consommer le soir également. Or, il est vrai que le cerveau aime se servir du sucre pour fonctionner : c’est son carburant préféré ! Apporter du sucre à son cerveau le soir lui indique que nous allons avoir besoin de lui. D’ailleurs, le sucre est qualifié de stimulant : il porte vers l’éveil, vers le mouvement, retardant possiblement l’endormissement.
Il est évidemment important de distinguer deux types de sucres :
- Le sucre naturel, présent dans le lait maternel (et dans les fruits, légumes racines, céréales, fruits séchés, etc).
- Les sucres raffinés, qui composent les aliments transformés (sucres de canne blanc ou roux, sirop de fructose et tous les sucres industriels).
Le problème, avec les sucres raffinés est qu’ils sont partout, parfois de façon indétectables à première vue, et vont donc se cumuler à notre insu dans l’assiette de nos enfants, ayant un impact important et direct sur notre système hormonal, et par répercussion sur notre sommeil. En effet, ils induisent ce que l’on appelle des “hypoglycémies réactionnelles”, un phénomène de manque de sucre dans le sang. Ces hypoglycémies contribuent à augmenter le nombre de microréveils et ainsi les risques de réveils nocturnes longs, visiblement au travers du stress qu’elles induisent sur l’organisme.
Notre corps n’est pas conçu pour consommer de telles quantités de sucres raffinés et cela peut générer, entre autres, une inflammation au niveau du système digestif. Ces inflammations, si elles deviennent chroniques, peuvent perturber les mécanismes du sommeil. La température a besoin de descendre et les fonctions de l’organisme de décélérer pour induire le sommeil, ce qui n’est pas possible en cas d’inflammation répétée.
Par ailleurs, la consommation quotidienne et/ou en trop grande quantité de sucre, notamment de sucres raffinés, altère le bon équilibre de notre flore intestinale, aussi appelée “microbiote intestinal”. Or, c’est au niveau de notre ventre, et notamment grâce à ce microbiote, que nous produisons la majorité des hormones du calme et du bien-être : le GABA (acide gamma aminobutyrique) et la sérotonine.
Je ne parle même pas ici des produits chimiques sucrants ou des édulcorants (comme l’aspartame) que l’on trouve principalement dans les sodas, les bonbons, les chewing-gums… Ces sucres sont encore plus neurotoxiques que les autres ; ils nuisent au bon fonctionnement du cerveau. Sur-stimulants, ils endommagent les neurones.
Sucre et somnolence diurne
Les fameux « coups de barre” que nous pouvons connaître en tant qu’adulte sont aussi observables chez les enfants. Cela concerne moins les tout-petits, plutôt les enfants à partir de 2 ans et demi ou 3 ans : la consommation inappropriée ou trop importante de sucres en dehors des repas va provoquer une fluctuation du taux de sucre dans le sang, et donc des hypoglycémies réactionnelles (que nous évoquions plus haut). La nuit, ces hypoglycémies peuvent réveiller l’enfant ; le jour, ce phénomène va engendrer des pics de somnolence ou des « coups de barre”.
Quelle influence sur le sommeil ? Les coups de barre vont se manifester chez votre enfant par le frottement des yeux, l’irritabilité, les difficultés de concentration, bref : autant de signes qui peuvent être interprétés par vous, parents, comme de la fatigue (de jour comme de nuit). Pourtant, les signaux sont brouillés : votre enfant n’a pas forcément besoin de dormir à ce moment-là ! Et si cela brouille les signaux que reçoivent les parents, on peut facilement imaginer qu’il en va de même pour l’enfant. Son interprétation de ses signaux de fatigue peut devenir difficile. Sa relation au sommeil et à la fatigue peut devenir moins confiante et apaisée.
Sucre, prédiabète ou diabète et apnée du sommeil
Une surconsommation de sucre peut induire, même chez le jeune enfant, du diabète de type 2 ou du pré-diabète. Ces syndromes métaboliques se révèlent être parfois des éléments favorisant l’apnée du sommeil, maladie du sommeil qui vient entrecouper le sommeil et le rendre plus léger, donc moins récupérateur.
Conseils vis-à-vis du sucre dans l’alimentation de nos bébés et nos enfants
Il est important de préciser que la quantité est un élément essentiel à prendre en compte lorsqu’on parle de sucre dans l’alimentation. Un abricot sec, une pêche ou un peu d’eau de coco à boire ne vont pas ruiner le sommeil de votre enfant ! Mais ce qui est assez trompeur, ce sont les quantités de sucre ingérées par nos bambins tout au long de la journée, voire même tout au long d’un même repas, sans que, en tant que parents, nous nous en rendions vraiment compte.
Un verre de soda, un biscuit, un yaourt au fruit ou un jus de fruit industriel peuvent accompagner une assiette de pâtes, et là on se retrouve avec une bombe de sucre, qui peut rendre très compliqué le sommeil, ou alors induire de la somnolence diurne comme nous l’avons vu. La vigilance doit être portée à la fois sur la quantité et sur le moment de la journée où les enfants mangent le plus de produits sucrés. En effet, notre réaction au sucre est encore plus marquée le matin et le soir.
Conclusion
Vous l’aurez compris, sous l’effet des sucres raffinés, le corps alterne entre somnolence et surstimulation. Il peut rester porté vers le mouvement, l’activité, voire même l’hyperactivité à des moments inopportuns, comme par exemple à l’heure d’aller se coucher ! Il peut aussi brouiller les signaux de fatigue ressenti par le tout jeune enfant. Alors pour favoriser un bon sommeil chez les enfants, il est préférable de limiter au maximum – surtout avant 3 ans – les sucres de façon générale, excepté ceux présents dans les fruits et les légumes.
Rappelons que les céréales sont des sucres ! Leur quantité est à ajuster selon l’âge et l’activité de l’enfant. Les sucres ajoutés présents dans les biscuits, le chocolat au lait, les jus de fruits, les compotes (si elles ne sont pas “sans sucres ajoutés”), les bonbons bien sûr mais aussi les viennoiseries, ne devraient pas faire partie du quotidien de l’enfant de moins de 3 ans, et dans tous les cas, sont à éviter en fin d’après-midi et le soir. Tous les aliments contenant des édulcorants comme l’aspartame devraient être, quant à eux, à éviter complètement.
Sources et commentaires
https://www.cairn.info/magazine-pour-la-science-2020-2-page-6.html
https://www.jle.com/fr/revues/mtp/e-docs/le_sommeil_des_enfants_diabetiques_1142/breve.phtml?tab=texte
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1769449310000051
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1262363612711965
Wells AS, effects of meals on objective and subjective measure of daytime sleepiness, 1998 ET Willie JT, Orexine in the regulation of feeding and wakefulness, 2001
Peppard PE, T. Young, M. Palta, J. Dempsey, and J, Skatrud. Longitudinal study of moderate weight change and sleep-disordered breathing. JAMA 2000; 284:3015-3021.)
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/jsfa.10322
Conférence sur le sucre présentée à l’Université de Liège en 2017
https://marchenry.org/wp-content/uploads/2022/02/excito_final.pdf
https://www.ceeol.com/search/article-detail?id=922773
https://www.cem-vivant.com/admin/userfiles/files/microbiote%20Partie%202.pdf
Le syndrome entéropsychologique GAPS par Natasha Campbelle Mc Bride
Retrouvez plus d’informations sur l’alimentation des bébés sur le site de Madame Miam.